L’abattage des animaux est un moment difficile, et aussi un moment critique pour les éleveurs. Avec la montée des exigences sanitaires, la centralisation des tueries dans des abattoirs spécialisés toujours plus loin et plus grands, les éleveurs ont peu de choix pour leurs animaux.

Au-delà des problèmes évidents que cela pose en termes de bien-être animal, nous déplorons très régulièrement de terribles dérives de ces abattoirs aux cadences infernales.

De nombreux éleveurs tiennent à se ré-approprier l’étape de l’abattage. L’abattage à la ferme fait partie des solutions ! CIWF y est favorable et salue la persévérance de l’éleveuse Emilie Jeannin, dont le projet "Le bœuf éthique" devient une réalité !

Un nombre d'abattoirs de proximité en baisse, du stress en hausse !

En France, le nombre d’abattoirs de proximité est en baisse : pour 1200 abattoirs de boucherie (bovins, ovins, caprins, porcins, équins) que comptait la France des années 1970, seulement 265 sont en activité aujourd’hui.

Moins d’abattoirs signifie des abattoirs plus grands, des cadences plus fortes, des temps de transport plus longs, avec des animaux qui doivent parfois traverser la France pour se faire abattre du fait de la spécialisation de certains abattoirs en fonction des espèces.

Tout cela pose des problèmes évidents en termes de bien-être animal, sans même parler des terribles dérives de ces systèmes d'abattage de masse que des enquêtes éprouvantes mais salutaires révèlent régulièrement.

Et même si tout est conforme, et si les trajets sont réglementés, les bétaillères aménagées, faire monter dans un camion un animal qui a toujours vécu au pré, le séparer de son troupeau, le regrouper avec des animaux étrangers, multiplier les manipulations par des inconnus, sont des sources de stress qui rendent cette étape d’autant plus difficile.

C’est pourquoi CIWF recommande le développement d’abattoirs de proximité de qualité, contrôlés et soutenus par les pouvoirs publics à l’échelle des territoires, rejoignant ici l’avis du Comité National d’Ethique des Abattoirs (qui peine à être entendu).

L'abattage à la ferme : une solution pour mettre fin au transport et réduire les cadences !

Lorsque le processus est réalisé dans les meilleures conditions, CIWF est favorable à l'abattage à la ferme : contrôles réguliers, personnel formé, mise à l’écart de l’animal afin d’éviter tout stress à ses congénères... (pour en savoir plus : Abattage à la ferme : quel cadre d'une démarche positive ?)

Dès 2014, CIWF accompagnait le projet de camion d’abattage-mobile suédois dont s’inspire aujourd’hui celui du Bœuf éthique en Côte d’Or porté par l’éleveuse Emilie Jeannin.

Puis, suite au décret d’application de la loi Egalim de 2018 qui permettait aux éleveurs français d’expérimenter pendant 4 ans des dispositifs d’abattage mobile, CIWF a suivi certaines initiatives mises en place (initiatives pouvant ensuite, après évaluation, se développer plus largement sur le territoire national).

Depuis quelques années déjà, quelques éleveurs s’étaient emparés du problème en abattant sur leurs terres, dans une relative clandestinité. Le collectif "Quand l’abattage vient à la ferme" porté par Stéphane Dinard et Jocelyne Porcher, soutenait leur démarche : selon eux, l’élevage paysan conduit naturellement à un abattage paysan.

D’autres avaient choisi de développer, avec le soutien des chercheurs de l’INRA et d’associations de protection animale notamment, un micro-abattoir qui permet d’inscrire la mort de l’animal dans un cycle maîtrisé puisque ce sont les éleveurs eux-mêmes qui abattent et traitent la carcasse.

C'est le cas du groupement d’éleveurs de montagne du Pôle viandes locales de Bourganeuf dans le Limousin qui s'emploie à réduire les cadences (pas plus de 10 bêtes abattues par semaine), mais aussi les transports, point sensible dans cette dernière étape.

Camion d'abattage mobile : quand le projet devient réalité !

Nous saluons l’éleveuse Emilie Jeannin qui voit, cinq ans après la création de sa société « Le bœuf éthique », son projet d’abattage mobile devenir une réalité.

En effet, Le Bœuf éthique réalise depuis quelques semaines ses premières ventes sur des marchés ou sur son site en ligne.

De même, près de 150 éleveurs de Loire-Atlantique regroupés en association, l’Aalvie, ont choisi pour leur territoire la technique du caisson d’abattage, et ambitionnent de labelliser leur production "Né, élevé et abattu à la ferme".

De beaux projets, pour ne plus dépendre des gros abattoirs industriels, reprendre la main sur leur métier et relocaliser l’activité, une piste essentielle pour sortir des systèmes intensifs et produire, dans un souci constant du bien-être animal … de la ferme à l’assiette.

Abattage mobile : quand le projet devient réalité !