La loupe

Un monde sans antibiotiques est une perspective terrifiante, mais réelle. La situation est si critique que la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé, le Dr Margaret Chan, a mis en garde contre « une ère post-antibiotiques, dans laquelle de nombreuses infections courantes ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer ». (7 avril 2011)

Notre campagne appelle à :

  1. une réduction de l’utilisation globale des antibiotiques dans les élevages ;
  2. une interdiction, à l’échelle de l’UE, de l’usage d’antibiotiques en masse ;
  3. une utilisation limitée des antibiotiques critiques*, les plus essentiels pour les hommes.

* Les antibiotiques critiques regroupent à la fois ceux qui sont particulièrement générateurs de résistances bactériennes et ceux qui présentent un intérêt particulier en traitement dit de "dernier recours".

Les animaux d’élevage consomment presque la moitié de tous les antibiotiques produits dans le monde.

Elevage intensif et surutilisation des antibiotiques

La surutilisation des antibiotiques (en particulier les faibles doses ou les traitements incomplets) est la principale raison de l’augmentation de l’antibiorésistance qui rend les antibiotiques inefficaces au moment précis où ils sont le plus nécessaire.

Cette surutilisation des antibiotiques est liée au fait que les animaux en élevages industriels connaissent un risque plus élevé d’infection car :

  • ils vivent dans des cages, des espaces confinés ou des enclos dans des conditions d’entassement et de stress ;
  • ils sont sevrés à un âge très précoce ;
  • ils sont souvent utilisés physiologiquement jusqu’à leur limite afin d’augmenter la productivité.

Tout ceci peut affaiblir le système immunitaire des animaux. C’est pourquoi l’élevage industriel recours souvent aux antibiotiques à titre préventif pour de compenser le fait que les animaux sont élevés dans des conditions intensives, où le risque de maladie est élevé. Mais il existe des modèles alternatifs viables pour une bonne santé des animaux.

La situation en France

En France, environ 85% des antibiotiques utilisés en élevage sont donnés en traitement de masse, par l’alimentation ou l’eau. Les volailles, les cochons, les lapins et les veaux sont les plus gros consommateurs d’antibiotiques, en particulier avant le sevrage.

Depuis 2008, la France a pris des mesures pour réduire l’usage d’antibiotiques. En 2012, le plan Eco Antibio fixe un objectif de réduction de 25% en 5 ans et depuis mars 2016, un décret interdit désormais l’usage en préventif (sur des animaux sains) de certains antibiotiques dit « critiques » dont la liste doit encore être fixée par le Ministère après avis de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation.

Cependant, l’utilisation en élevage des antibiotiques d’importance critique pour l’homme demeure très forte comparée aux autres pays de l’UE et certaines filières restent fortement dépendantes des antibiotiques utilisés en routine sur des animaux sains.  Ainsi, au Danemark, où les élevages de cochons sont pourtant nombreux, l’usage d’antibiotiques pour les porcs est 3 fois moins important qu’en France. En Suède, les porcelets (avant sevrage) sont traités en moyenne 100 fois moins que les porcelets français.

L’usage de certaines substances antibiotiques, comme la colistine, est même extrêmement forte : on utilise actuellement 50 fois plus de colistine dans les élevages français que pour toute la consommation humaine en Europe !

L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation) a recommandé en 2014 de mettre un terme à l’usage préventif en routine d’antibiotiques, et de n’en permettre l’usage à des groupes d’animaux qu’en cas de risques avérés d’épidémie. Mais cette recommandation n’est toujours pas mise en œuvre en France.

Comment agir ?

De bonnes conditions d’élevage avec une bonne prise en compte du bien-être animal permettent d’améliorer la santé animale et réduire le besoin de recours aux traitements médicamenteux.

Globe

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