Un outil de référence, catalyseur de progrès depuis 2012

Le dernier Business Benchmark on Farm Animal Welfare (BBFAW) révèle que si la plupart des géants mondiaux de l'alimentation (95 %) prennent en compte l'importance du bien-être animal par des engagements politiques, la majorité d'entre eux ne mettent pas encore ces engagements en pratique.

Ce benchmark BBFAW, lancé pour la première fois en 2012, classe 150 producteurs, distributeurs et entreprises de restauration du monde entier, dont 13 français (Auchan, Carrefour, Cooperl, Danone, E. Leclerc, Elior, Groupe Casino, Lactalis, LDC, Les Mousquetaires, Sodexo, Système U, Terrena), en fonction de leurs politiques et pratiques en matière de bien-être des animaux d'élevage. Il est soutenu par CIWF et FOUR PAWS, ainsi que par une coalition d'investisseurs institutionnels gérant plus de 2 300 milliards de dollars d’actifs.

Cette année, le Benchmark a renforcé ses critères d’évaluation et a mis l’accent sur les indicateurs de performance (désormais 55% du poids dans la note finale), permettant de mesurer les bénéfices réels des politiques des entreprises pour les animaux. Le BBFAW intègre également une note d’impact (de A à F) qui permet de déterminer si les engagements pris ont été mis en œuvre, et si les animaux présents dans les chaines d’approvisionnement bénéficient réellement de meilleures conditions d’élevage. Enfin, dans cette nouvelle version, l’outil a également intégré une nouvelle section dédiée à la réduction de la dépendance aux produits d’origine animale et à la diversification protéique.

Des progrès encourageants et des évolutions attendues pour les entreprises françaises

- 95 % des entreprises alimentaires mondiales reconnaissent désormais le bien-être des animaux d'élevage comme un enjeu essentiel, Marks & Spencer (Royaume-Uni), Premier Foods (Royaume-Uni) et Waitrose (Royaume-Uni) étant les trois entreprises en tête du classement, au niveau 2. Comme prévu, aucune entreprise n'a atteint le premier niveau cette année, à la suite du durcissement de la méthodologie, la majorité des entreprises ayant perdu un ou plusieurs niveaux dans le classement par rapport à l’édition 2021 et notamment en France :

Danone est descendue au niveau 3 et obtient la note d’impact C (note classant les entreprises de A à F sur les questions relatives à leur performance), restant ainsi l’entreprise française la mieux notée dans BBFAW.
Les Mousquetaires et Carrefour sont descendues au niveau 4.
Auchan, Cooperl, E. Leclerc, Elior, Groupe Casino, Sodexo, Système U et Terrena sont descendues au niveau 5.
LDC est restée au niveau 4.
Seule Lactalis est montée d’un niveau et se situe désormais au niveau 4 du classement.

- Le niveau d’ambition est généralement élevé en ce qui concerne les œufs hors-cage, 73% des 141 entreprises achetant ou produisant des œufs étant engagées sur le sujet

- 25 % des entreprises reconnaissent la nécessité de réduire la dépendance aux produits d'origine animale, 21 d'entre elles ayant publié des objectifs de réduction (exemple de Sodexo) ou de diversification protéique (exemple de Carrefour) accompagnés d'un calendrier.

Beaucoup reste à faire ! Les entreprises doivent démontrer la concrétisation de leurs engagements.

- La concrétisation des engagements reste lente : 93 % des entreprises ont reçu une mauvaise note d’impact (« E » ou « F ») et aucune entreprise n'a obtenu la note d’impact maximale de "A" ou "B". Les entreprises les mieux notées, avec la note C, sont les suivantes : Marks & Spencer (Royaume-Uni), Danone (France), Premier Foods (Royaume-Uni), Waitrose (Royaume-Uni), Cranswick PLC (Royaume-Uni) et Migros-Genossenschafts-Bund (Suisse).

- Elevage en cage : Si une grande partie des entreprises s’est engagée à arrêter les cages pour les poules pondeuses, rares sont celles qui agissent en faveur des lapins, des truies, des canards ou des veaux. Seulement 9% des 137 entreprises achetant ou produisant du porc ont pris l’engagement de mettre fin aux cases individuelles de gestation et aux cages de mise-bas pour les truies. Danone est la seule entreprise française engagée sur le sujet.

- Mutilations de routine : La majorité des entreprises (52 %) n'ont pas de politique de gestion des mutilations de routine, telles que le marquage des bovins au fer chaud ou la caudectomie des porcs.

- Antibiotiques : Seules 40 % des entreprises se sont engagées à mettre fin à l'utilisation prophylactique et métaphylactique systématique d'antibiotiques, malgré le risque d'une résistance accrue aux antibiotiques.

- Transport d’animaux vivants : Seules 27 % des entreprises évaluées déclarent que le transport d'animaux vivants est limité à de courts trajets (4 heures ou moins pour les volailles et les lapins, et 8 heures pour les autres espèces).

Philip Lymbery, Directeur Général de CIWF, a déclaré :

L’élevage intensif a un coût élevé. Non seulement il nuit aux animaux, mais il alimente la crise climatique, favorise la déforestation, la perte de biodiversité et, avec l'utilisation massive d'antibiotiques, constitue une véritable menace pour la santé humaine. Le Business Benchmark for Farm Animal Welfare (BBFAW) continue de jouer un rôle essentiel dans la mise en place de normes plus strictes dans les principales entreprises agroalimentaires du monde, en montrant les avantages de cette approche et en fournissant un critère essentiel pour éclairer les choix des investisseurs.

Lire le rapport complet du BBFAW 2023.

L'événement de lancement du rapport aura lieu le 25 avril 2024 à 17h CET. Cliquez ici pour vous inscrire et suivre l'événement en ligne.

BBFAW 2023 : des progrès en matière d'engagements mais un manque de mise en œuvre