Une nouvelle épizootie qui bouleverse les élevages bovins

Pour la première fois de son histoire, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) touche les élevages bovins en France. Entre le 29 juin, date d’émergence du premier foyer en Savoie, et le 30 juillet 2025, 51 foyers ont été détectés en France, répartis dans deux départements : Savoie et Haute-Savoie. Cette maladie, qui affecte uniquement les bovins et ne présente pas de risque pour l’être humain, provoque fièvre, lésions cutanées douloureuses et parfois la mort des animaux les plus fragiles.

La stratégie actuelle de lutte, conforme à la catégorie A définie par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), repose principalement sur le dépeuplement de troupeaux entiers, y compris des animaux sains, afin de tenter d’éradiquer totalement la maladie et de préserver la capacité d’exportation de la filière bovine française. Cette approche est extrêmement éprouvante : elle entraîne la perte de milliers d’animaux, des forts stress et souffrances pour les animaux, et choque les éleveurs.

CIWF France exprime son soutien aux éleveurs confrontés à ce choc et dénonce l’abattage massif d’animaux sains, difficilement justifiable d’un point vue humain et de bien-être animal. La DNC entraînant un taux de mortalité faible, la destruction de troupeaux entiers comprenant de nombreux animaux non infectés apparaît disproportionnée au vu de l’impact sur les animaux. CIWF recommande de privilégier des stratégies plus ciblées : tester, isoler et surveiller les animaux plutôt que de dépeupler systématiquement.

CIWF France émet également des réserves sur les conditions d’abattage en urgence, qui peuvent entraîner stress et souffrance, notamment lorsqu’elles sont réalisées sans infrastructures adaptées. Il est indispensable de prévoir des protocoles d’intervention respectueux de la protection animale.

Gestion de la crise et vaccination

Une vaccination circulaire (en priorité les animaux des élevages proches des cas détectés) a été mise en place depuis le 20 juillet. Les premiers effets de protection ne sont attendus qu’à partir de la première quinzaine d’août. CIWF France regrette le manque d’anticipation de cette mise en œuvre, alors que la Sardaigne était touchée dès le 20 juin. Une vaccination plus rapide et plus large permettrait de limiter le désarroi des éleveurs et dépeuplement massif des animaux. La France répète les erreurs déjà commises lors des crises de la grippe aviaire, de la fièvre catarrhale ovine ou encore de la maladie hémorragique épizootique qui ont frappé le pays ces dernières années : l’État choisit d’attendre, au risque de provoquer le dépeuplement massif de milliers d’animaux, avant de mettre en place une véritable politique de vaccination nationale. Pour CIWF France, il est dommage que de peur de perdre son statut “indemne” à l’export et pour préserver dans l’urgence ses intérêts économiques, la France peine à mettre en place une politique de vaccination au niveau national.

La France aurait à gagner à construire une véritable politique sanitaire fondée sur l’anticipation plutôt que sur la réaction. Les abattages massifs, qui représentent un traumatisme pour les éleveurs comme pour la société, doivent être limités autant que possible.

Agir pour faire évoluer les pratiques

Avec le changement climatique et l’évolution des vecteurs d’infections, ces épizooties risquent de se multiplier dans les années à venir. Et avec elles les conséquences dramatiques sur les animaux, comme CIWF l’a dénoncé par son dernier rapport. Il apparaît donc souhaitable d’envisager des campagnes de vaccination plus rapides et plus larges, afin de réduire le recours à ces pratiques douloureuses et d’apporter une réponse plus adaptée à la fois au bien-être animal et à la détresse des éleveurs. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a lancé en janvier dernier des Assises sanitaires, auxquelles CIWF France avait souhaité participer, mais nous n’avons jamais reçu de réponse de la Ministre à notre demande. L’exclusion de la société civile des réflexions collectives est dommageable et désolante.

Pour aller plus loin et soutenir une évolution des pratiques sanitaires, vous pouvez signer la pétition lancée par l’OABA qui demande à limiter les abattages massifs d’animaux sains et à privilégier des mesures de gestion basées sur l’anticipation et la vaccination : https://oaba.fr/dnc-bovine-stop-massacre/

Dermatose nodulaire contagieuse : une nouvelle épizootie en France