Le mercredi 18 juin, quatre organisations majeures de la protection animale en France - CIWF France, la Fondation Brigitte Bardot, la Fondation Droit Animal Éthique et Science (LFDA) et QUATRE PATTES ont réuni décideurs européens, experts scientifiques, et un éleveur pendant la séance plénière du Parlement, autour d’une problématique cruciale : comment accompagner les filières françaises d’élevage dans l’amélioration des règles de protection animale ?

Parrainé par l’eurodéputée française et présidente du groupe Renew, Valérie Hayer (Renaissance) et l’eurodéputé français David Cormand (Les Écologistes), cet évènement a rassemblé des députés européens de tous horizons, incluant Benoit Cassart, Céline Imart ou encore Tilly Metz, pour échanger sur la nécessité de moderniser les règles européennes qui assurent la protection des animaux en élevage, pendant le transport et durant l’abattage. La représentation permanente de la France à Bruxelles et le ministère de l’Agriculture français étaient également présents.

Suite aux interventions du Professeur Luc Mounier, responsable de la chaire bien-être animal à VetAgro Sup, d’Hervé Guyomard, directeur de recherche à l’INRAE, et de Philippe Levillain, éleveur laitier, les participants ont discuté des différents leviers nécessaires à l’accompagnement de la modernisation de la législation européenne.

Prenant acte des défis auxquels sont confrontés les filières d’élevage, ils ont exploré les pistes d’action envisageables pour valoriser les meilleures pratiques agricoles en matière de bien-être animal, tout en garantissant la viabilité économique de l’élevage et en protégeant la durabilité de notre système alimentaire.

Pour les ONG de protection animale, les experts invités ainsi que pour les deux députés co-parrainant le petit déjeuner, améliorer le bien-être animal va dans le sens de l’Histoire. La modernisation de la réglementation européenne, quant à elle, est inéluctable. Obsolète et appliquée de façon très disparate entre les Etats membres, la législation actuelle engendre une concurrence déloyale entre ces derniers et avec les pays tiers.

Les participants ont souligné la nécessité d’un dialogue constructif avec l’ensemble des parties prenantes, les éleveurs, les représentants de la société civile, et politiques, afin de dégager des consensus et d’accompagner le monde agricole dans la transition. Il s’agit de pérenniser les filières d’élevage, pour les nouvelles générations en assurant l’attractivité des métiers, souvent mise à mal par l’absence de vision à long terme.

Les ONG appellent donc la Commission européenne à publier dès que possible les propositions législatives manquantes, relatives à l’élevage et à l’abattage, en incluant toutes les espèces animales dans le champ de la législation, et bien sûr mettre fin à l’élevage en cage, pour répondre à l’Initiative citoyenne européenne “End the cage Age” qui a recueilli 1,4 millions de signatures en 2020.

Pour Luc Mounier, “le bien-être animal (BEA) s’intègre dans une approche globale, One Welfare, où il est associé à des gains tant pour l’humain que pour l’environnement et les animaux.” Il met en avant l’exemple de la mise en groupe des truies, qui, après avoir suscité de fortes oppositions, est aujourd’hui une pratique faisant l’unanimité parmi les éleveurs porcins. “Aucun éleveur ne ferait marche arrière aujourd’hui, ils y ont gagné en qualité de travail.”

Hervé Guyomard a, quant à lui, insisté sur le besoin de vision sur le long terme et la nécessité de “ne pas reporter la transition, au risque d’engendrer des coûts financiers supplémentaires ultérieurement”. Il a souligné l’urgence de faire évoluer la PAC pour réserver les soutiens à ceux qui en ont le plus besoin et de conditionner les aides de soutien à l’investissement, à des critères de bien-être animal.

Enfin, Philippe Levillain a partagé son expérience en tant qu'éleveur laitier, engagé pour le bien-être de ses vaches. Il a rappelé que “les progrès en matière de bien-être animal prennent du temps et doivent être accompagnés”.

Les deux eurodéputés ont conclu cet événement :

Pour Valérie Hayer, “Sur le bien-être des animaux à la ferme, il faut avancer, espèce par espèce, toujours en lien rapproché avec les éleveurs, avec le prérequis d'une application qui puisse être harmonisée dans toute l'UE et qu'on se donne les moyens d'étendre aux produits importés sur notre marché.”

Pour David Cormand, “Il faut valoriser l’avantage comparatif de nos exploitations en France et maintenir les bonnes pratiques. Le travail doit payer, cela fait consensus. La PAC est un instrument d’orientation, qui doit soutenir la qualité avant la quantité.”

Quatre ONG réunissent experts, éleveur et décideurs européens autour du bien-être animal