Durant l'hiver 2015/2016 les enquêteurs de CIWF se sont rendus dans plusieurs élevages de cailles en France, Italie, Portugal et Grèce afin de lever le voile sur cette industrie très secrète. La caille est un mets délicat, mais le prix de ce produit de luxe est cher payé par les cailles : plus de 90% des pondeuses passent leur vie en cage.Voir les images d'enquête.

L'enquête de CIWF

Cette enquête sur les élevages de cailles est la première à s'intéresser à cette espèce au niveau européen. Les enquêteurs de CIWF se sont rendus dans plusieurs élevages de cailles en France, Italie, Portugal et Grèce. Plus de 140 millions de cailles sont élevées chaque année en Europe, majoritairement de façon extrêmement intensive. L'Italie, la France et le Portugal sont dans le top 4 des pays producteurs de cailles. Souvent vu comme un mets délicat, la caille est un luxe cruel.

Une industrie très secrète

Les dessous de cette industrie sont bien cachés. La filière caille est très secrète en France. Chaque élevage visité nous a déclaré avoir fait de gros investissements pour la recherche de profils génétiques spécifiques ou pour des systèmes de récoltes des œufs innovants. Très suspicieux d'espionnage industriel et de la concurrence, ils souhaitent protéger leurs techniques. Mais ce qui est encore plus secret, ce sont les conditions de vie des cailles. Il est très difficile de visiter les élevages et d'avoir des données fiables et précises sur leurs conditions d'élevage.

90% des cailles pondeuses sont en cage

Aucune législation spécifique ne protège le bien-être de ces oiseaux fragiles. En Europe, 90% des cailles élevées pour leurs œufs sont en cages. Elles ne peuvent ni construire un nid, ni prendre des bains de poussière, picorer, se cacher... Elles ne peuvent pas exprimer leurs comportements naturels les plus essentiels.

Entassées dans de petites cages grillagées sans aucun aménagement, elles souffrent de blessures et d'infections, aux pattes notamment. L'espace accordé aux cailles est si limité qu'une caille élevée pour sa viande a souvent l'espace de la taille d'un sous-verre. Une caille pondeuse aura elle un espace équivalent à un CD. Animal sensible et fragile, les cages sont pour elles source de souffrance et de stress. Quand elles ont peur, elles s'envolent brusquement à la verticale, se cognant la tête de façon violente sur le plafond des cages grillagées, entrainant des blessures. Les conditions sanitaires peuvent aussi dans certains élevages être déplorables. Dans un élevage visité, une caille morte était laissée dans le bac de collecte d'œufs, d'autres ont été retrouvées en décomposition sur le sol.

Cette enquête reflète la grande majorité des élevages de cailles dans toute l'Europe. Pourtant des systèmes plus respectueux du bien-être des cailles existent, comme les élevages Label Rouge qui permettent un accès à une volière, ont une densité moindre, ou des élevages « free-to-fly » dans d'autres pays, qui donnent accès à un parcours extérieur sous volière. Mais ils sont peu développés et pas facile à différencier pour les consommateurs. Pour les œufs de caille par exemple il n'existe pas d'étiquetage obligatoire selon le mode d'élevage comme celui des œufs de poules (de 0 à 3). Aucune législation n'encadre l'élevage des cailles.

Pour Aurélia Greff, porte-parole de CIWF France « En Europe, la viande ou les œufs de cailles sont synonymes de plat festif, de luxe. Mais les conditions d'élevage de ces animaux fragiles sont inadmissibles et aucune législation spécifique ne les protège. La codification des œufs de poules selon le mode d'élevage par exemple ne s'applique pas aux œufs de cailles. L'élevage des cailles en cage doit être interdit. »

CIWF appelle la Commission Européenne à légiférer sur le bien-être des cailles et à interdire leur élevage en cage.

Cailles : une industrie très intensive pour un mets dit raffiné