La loupe

Investir dans la souffrance

News Section Icon Publié 26/06/2013

Les banques internationales et les Etats membres soutiennent des systèmes d'élevage qui ne sont pas autorisés dans l'UE.

Financés par les Etats membres de l’Union Européenne, les banques internationales et les agences de crédit investissent dans des industries et exploitations agricoles qui ne répondent pourtant pas aux standards minimums européens en matière de bien-être des animaux d’élevage. Telle est la conclusion du rapport que nous avons co-signé avec  les organisations internationales de bien-être animal HSI (Human Society International) et Vier Pfoten.

Les institutions financières comme la Société financière internationale, branche privée de la Banque mondiale, et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), banque publique financée et contrôlée par les Etats membres de l’UE, ont octroyé des capitaux d’investissement à de grandes entreprises d’agro-business dans les pays en voie de développement ou en transition, comme la Chine, la Russie, l’Ukraine ou la Turquie, où les standards en matière de bien-être animal sont nettement inférieurs à ceux de l'UE. Les agences de crédit à l’exportation des pays européens ont également fourni des garanties pour la construction et l’équipement d’exploitations qui ne respectent pas les propres normes des pays de destination.

Des investissements peu scrupuleux

Parmi les exemples mis à jour dans le rapport, un géant du porc chinois, a reçu près de 30 million de dollars d’investissements alors que la majorité de ses truies sont maintenues en cases de gestation, pourtant partiellement interdites par la législation européenne depuis le 1er janvier 2013. Le premier producteur d’œufs et de volaille Turque s’est vu octroyer un prêt de 30 millions d’euros par la BERD en 2013, pour financer un projet d’extension de ses installations d’élevage de poules en cage non aménagées, avec des densités d’élevage interdites en Europe. Depuis 4 ans, 40 millions d’euros d’assurance-crédit ont été accordés par l’Allemagne pour la construction d’élevages de poules pondeuses en cage en dehors du pays, alors même que les cages sont totalement interdites en Allemagne.

Au cours des dernières années, l’Europe a progressé dans la prise en compte du bien-être animal, avec par exemple la directive établissant des normes minimales pour les poules pondeuses, interdisant les cages « conventionnelles », ou encore la directive interdisant les cases de gestation pour les truies sauf pour les 4 premières et la dernière semaine de gestation. Ces progrès devraient être encouragés hors UE, plutôt que d’être fragilisés par des investissements européens qui n’exigent pas le respect des mêmes standards minimaux.

Dil Peeling, directeur de campagne de CIWF s’insurge:

Quand l’UE prend la décision de juguler les pires excès de l’élevage intensif en Europe, mais que l’argent public des pays de l’UE est utilisé pour investir dans la souffrance animale ailleurs, ces institutions flouent l’Europe, ses citoyens, et par-dessus tout, les animaux piégés dans les systèmes qu’elles financent. Ces institutions doivent changer les normes d’octroi des aides sans délai.

Selon Chetana Mirle, directrice Animaux d’élevage chez HSI :

 L’argent des citoyens européens ne doit pas tomber dans la poche d’éleveurs qui ne respectent pas les standards européens de bien-être animal. Les politiques européennes de bien-être animal n’ont pas été votées dans le seul but de sortir ces pratiques inacceptables hors de l’UE, mais bien pour réduire les souffrances animales et pour répondre à une demande des consommateurs pour des pratiques plus respectueuses des animaux.

Car en plus de favoriser des modes d’élevage intolérables, cela pourrait contribuer à créer un désavantage compétitif pour les agriculteurs européens qui doivent respecter des normes plus strictes en matière de bien-être animal.
Gabi Paun, directeur de campagne de Vier Pfoten, l’affirme : 

Nous avons mis à jour des investissements en faveur d’exploitations où les normes bien-être étaient quasi inexistantes. Nous demandons aux institutions financières de respecter les standards européens en matière de bien-être animal.

En dépit des préoccupations de l’UE relatives aux traitements des animaux de ferme, ses grandes banques internationales et les agences de crédit ne disposent d’aucun standard minimum de bien-être animal.

Nous plaidons pour que des normes contraignantes président à l’octroi d’aides et de financements dans le domaine agricole. Les Etats membres, l’Union Européenne et la BERD doivent développer leurs propres standards de bien-être animal dans leurs politiques d’investissement agricoles dans les pays tiers. Ces standards doivent respecter et aller au-delà des normes européennes, qui nécessitent elle-même encore de nombreuses améliorations.

Pour en savoir plus, téléchargez le rapport Les institutions financières internationales et le bien-être animal (en anglais).

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