La loupe

2018 : mauvaise année pour la lutte contre l'antibiorésistance

News Section Icon Publié 21/11/2019

Cochon antibiotiques

En cette semaine internationale de l’antibiorésistance, l’Anses a publié deux rapports faisant le point sur la situation de l’antibiorésistance en santé animale en 2018. Des chiffres qui ne sont malheureusement pas bons…

Qu'est ce que l'antibiorésistance ?

Le lien entre animaux de ferme et antiobiorésistance peut ne pas être évident et pourtant, l’abus d’antibiotiques dans les élevages en est la principale cause… Dans les systèmes industriels, pour faire face aux forts risques de maladies et de mortalité des animaux qui sont élevés dans des conditions très dures, les antibiotiques sont utilisés en préventif, de façon quasi systématique, et administrés à l’ensemble des animaux (dans l’eau de boisson par exemple). Ainsi, les bactéries, sous cette pression causée par la présence constante des antibiotiques dans leur milieu de vie, évoluent et deviennent résistantes. Elles peuvent ensuite partager ces gènes d’antibiorésistance à d’autres bactéries, et se multiplient et sont ensuite facilement disséminées, à travers les systèmes de ventilation des exploitations, de gestion des déchets (et se répandent notamment dans les sols au moment de l’épandage), le transport, les travailleurs des exploitations elles-mêmes, voire la viande crue. Si ces bactéries résistantes infectent des humains, elles rendent les traitements antibiotiques existants inefficaces, et représentent donc un risque majeur pour la santé humaine.

En France, la situation est inquiétante. 

La France avait lancé en 2012 un premier plan gouvernemental de cinq ans pour faire baisser le recours aux antibiotiques en matière de santé animale, que ce soit pour les élevages ou les animaux de compagnie. Ce plan EcoAntibio a été relancé pour cinq années supplémentaires, jusqu'en 2021.

Les rapports de l’ANSES publiés cette semaine indiquent que l'utilisation d'antibiotiques sur les animaux d'élevage et de compagnie a atteint un plancher en 2018 en France, après avoir fortement diminué pendant huit ans.

Selon les derniers chiffres, entre 2017 et 2018 l'exposition globale des animaux aux antibiotiques a augmenté de 0,7%, avec des différences selon les espèces.
Elle s'est accrue pour les bovins (+8,4%) et les lapins (+2,0%), alors qu'elle recule encore pour les volailles (-11,3%), les porcs (-2,7%) et les animaux domestiques, chiens et chats (-2,0%), selon l'Anses.

L'antibiorésistance : un risque sanitaire majeur.

En France, l’antibiorésistance est la cause de 5 543 décès par an chez des patients atteints d’infections à Bactéries Résistantes et 124 806 patients développent chaque année une infection liée à une bactérie résistante, selon une étude du centre européen de prévention et contrôle des maladies[1]. A l’échelle mondiale, les résistances microbiennes seraient responsables de 700 000 morts par an. Si rien ne change, les maladies infectieuses d’origine bactériennes pourraient redevenir en 2050 une des premières causes de mortalité dans le monde, en provoquant jusqu’à 10 millions de morts par an[2].

Le 25 octobre 2018, le Parlement européen a adopté un règlement interdisant l’usage préventif en routine d’antibiotiques en élevages. A partir de 2022, les animaux non malades ne pourront plus recevoir de traitements antibiotiques préventifs en masse. Un pas en avant dans la lutte contre l’antibio-résistance qui permettra peut-être de sauver les antibiotiques pour notre santé.

[1] https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(18)30605-4/fulltext

[2] https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/des-antibiotiques-a-l-antibioresistance/article/l-antibioresistance-pourquoi-est-ce-si-grave

 

 

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