La loupe

Quel élevage voulons-nous pour demain ? 

News Section Icon Publié 02/03/2023

52 organisations paysannes et de la société civile, rassemblées au sein du Collectif «Nourrir » tiennent à réconcilier élevage et préservation de l’environnement. CIWF France adhère à ce collectif et fait partie de celles et ceux qui ont pris la parole, le 1er mars lors du Salon de l’Agriculture, pour partager cette vision commune de l'élevage et pour présenter des recommandations pour le faire évoluer.

Face aux difficultés croissantes des paysannes et paysans qui œuvrent pour des systèmes d’élevage respectueux du bien-être des animaux et de l’environnement et compte tenu du rôle dévastateur des productions animales industrielles, l’élément de langage récurrent selon lequel « il ne faut pas opposer les modèles » n’est plus entendable : soutenir l’agroécologie paysanne, dont l’agriculture biologique, passe inévitablement par la lutte contre l’industrialisation de l’élevage.

Une vision commune, une prise de parole collective !

Dans un contexte de débats sur l’impact de la consommation de viande sur le changement climatique, de concertations sur la future loi d’orientation agricole en France et sur la révision de la législation sur le bien-être animal au niveau européen, le Collectif Nourrir a invité, le 1er mars lors du Salon de l’Agriculture, citoyens, politiques, professionnels et médias à se questionner sur l’élevage et sur sa nécessaire transition vers un modèle paysan.

Les 52 organisations membres du Collectif Nourrir ont exposé et publié leur vision commune, pour un avenir souhaitable de l’agriculture française réconciliant élevage et environnement.

Nous avons organisé une conférence de presse pour présenter cette vision commune, en présence de : 

  • Mathieu Courgeau : Éleveur en Vendée, co-président du Collectif Nourrir
  • Agathe Gignoux : responsable des affaires publiques à CIWF France
  • Aurélien Leray : Éleveur en Ille-et-Vilaine, président du Réseau Civam
  • Elyne Etienne : Responsable agriculture et alimentation à la Fondation pour la Nature et l’Homme
Agathe aux côtés du Collectif Nourrirau SIA 2023

Oui, l'élevage industriel cause (aussi) des dégâts environnementaux, sanitaires et sociaux majeurs 

Parmi l’ensemble des animaux d’élevage en France, 80% sont dans des systèmes intensifs, c’est-à-dire claustrés en bâtiment sans accès extérieur, pour partie encore en cages, soumis à des fortes densités, avec une génétique tournée vers la productivité, et des mutilations systématiques pour adapter les animaux à un environnement qui ne correspond pas à leurs besoins. Ce chiffre concerne surtout les volailles et les porcs, qui représentent un nombre important d’animaux élevés. Tous ces animaux subissent des conditions de vie délétères.

Mais au-delà des questions évidentes en terme de bien-être animal, les productions animales industrielles se concentrent dans des zones géographiques où la santé et l’équilibre écologique s’en trouvent menacés.  

  • Les systèmes industrialisés, par leurs tailles et les densités d’animaux, leur dépendance au soja importé, ou encore la gestion des effluents, ont en effet des impacts majeurs sur l’environnement :
    • émissions de gaz à effet de serre directs et indirects
    • pollution de l’air, des sols et des eaux
    • perte de biodiversité
    • déforestation
    • et surconsommation de ressources.

L’une des conditions essentielles de la durabilité de l’activité d’élevage réside dans sa taille et dans son adaptation aux ressources de l'ensemble du système agricole. Disproportionnés, les élevages industriels sont souvent incapables de disposer de suffisamment de terres agricoles pour nourrir leurs animaux et pour épandre en retour la quantité d’effluents générée par l’activité.  

 

  • Par ailleurs, par la densité d'animaux et l'organisation des filières, les productions animales industrielles font courir des risques importants d'amplification des épizooties (influenza aviaire, peste porcine africaine, etc). D'autre part, la concentration d'animaux impose l'usage généralisé et massif de médicaments et plus particulièrement d'antibiotiques, elle contribue au phénomène d’antibiorésistance.

 

  • Enfin, au-delà des atteintes au bien-être animal, des dégâts environnementaux et sanitaires, l’industrialisation de l’élevage est souvent synonyme pour les paysannes et paysans d’une perte d’autonomie économique et décisionnelle, cause importante du mal-être paysan. C’est pour répondre aux exigences d’un marché mondialisé et dérégulé que le coût de production est tiré au maximum vers le bas, en diminuant notamment la rémunération de l’éleveuse et de l’éleveur et en incitant à l’augmentation des volumes de production. Cette recherche du moindre coût est d’autant plus marquée dans le cas des filières orientées vers l’exportation de produits à faible valeur ajoutée vers les pays tiers en croissance.

En plus d’encourager l’intensification à outrance, ces productions engendrent une déstabilisation des marchés locaux et des filières paysannes des pays en développement et mettent en péril la souveraineté alimentaire de ces pays tiers (mise à l’écart de petits producteurs pour la production et l’exportation massive de soja pour les élevages au Nord, concurrence des productions locales par des importations à moindres coûts). Locale et pastorale au Sud, l’activité d’élevage est en revanche indispensable pour la sécurité alimentaire d’un grand nombre de populations, pour lesquelles il assure de multiples fonctions socio-économiques essentielles et constitue parfois la seule source de revenu significative et un filet de sécurité important. 

 

Le collectif Nourrir affirme donc d’une voix unie son opposition aux systèmes de productions animales industrielles qu’il distingue de l’élevage paysan :  le premier menace la survie du second !

La transition de l’élevage est nécessaire 

  • La réduction de l’empreinte environnementale de l’élevage doit prendre en compte l’ensemble des enjeux (agronomiques, climatiques, de biodiversité et d’économie rurale). La lutte contre le changement climatique doit en effet nous inciter à une réduction globale du cheptel alors que les enjeux de préservation de la biodiversité doivent nous amener à renforcer les élevages paysans, dont ceux en agriculture biologique. Il s’agit donc bien d’opérer la transition de l’élevage vers des modèles paysans qui apportent des bénéfices pour l’environnement.  

 

  • L’installation d'éleveuses et d’éleveurs est une urgence et ne pourra s’opérer sans une plus grande attractivité du métier. Maintenir des conditions de travail et de rémunération viables, garantir le respect des écosystèmes et des animaux, mais également faire en sorte de conserver des fermes « à taille humaine » sont des facteurs déterminants de cette attractivité, indispensable au renouvellement des générations en élevage. 

La transition de l’élevage est possible

Dans un contexte où l’intensification de la production se poursuit avec le concours des pouvoirs publics, nos organisations tiennent à rappeler leurs recommandations prioritaires :

  • Adopter un moratoire sur les créations ou extension d’élevages industriels (ICPE15 soumises à autorisation et systèmes en cages). 
  • Réformer les aides de la PAC pour assurer un soutien renforcé aux élevages vertueux, en particulier aux élevages biologiques et herbagers, et mettre fin aux incitations à l’industrialisation. 16
  • Défendre le plein air et le pâturage, et adapter les normes de biosécurité aux élevages plein air. 
  • Encourager les installations et les transmissions en élevage paysan en adaptant les aides à l’installation (bonus significatif pour les installations en élevage biologique, agroforestiers et en système polyculture-élevage notamment)
  • Encourager la diminution de la consommation de viande et de produits laitiers issus d’élevages intensifs, tout en encourageant la consommation de protéines végétales. 
  • Pour améliorer le revenu paysan, mettre en place des outils de régulation des marchés (maîtrise de l’offre notamment) et de protection économique (interdiction des importations de produits animaux qui ne respectent pas les règles appliquées à l’agriculture européenne).

Note de position Collectif Nourrir Quel élevage pour demain ? mars 2023:

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