La loupe

Abattage à la ferme : une solution pour améliorer la fin de vie des animaux

Qu’entend-on par abattage à la ferme ?

Avec l’abattage à la ferme, les animaux ne sont pas transportés vers des abattoirs mais abattus sur leur dernier lieu d’élevage.  Ils restent là où ils ont été, la plupart du temps, élevés, entourés des congénères et des humains qu’ils connaissent, et seront abattus sur place.

Il existe plusieurs projets en cours de développement :

L’abattage mobile

Camions Installés Vu Coté (1)

Camion qui vient dans la ferme, composé de 2 espaces distincts. L’animal entre dans le premier espace, où il est étourdi puis saigné, puis déplacé dans le deuxième espace où un premier traitement de la carcasse a lieu.
Exemple de projet en cours de développement : https://www.facebook.com/leboeufethique/

Le caisson d’abattage

AALVIE

Remorque qui vient dans l’exploitation. L’animal est étourdi sur le sol de la ferme dans un dispositif de contention auquel il est habitué, il est ensuite saigné au-dessus d’un caisson à double fond et une fois que l’animal est mort, sa carcasse est acheminée soit vers un abattoir conventionnel, soit vers une unité fixe de traitement et de découpe.
Exemple de projet en cours de développement : https://www.aalvie.com/

En Allemagne, en Suisse ou dans d’autres pays européens, des projets ont vu le jour depuis plusieurs années. Le représentant de CIWF en Suède a ainsi accompagné le développement du projet de camion mobile suédois[1]

Une solution pour mettre fin au transport et réduire les cadences, entre autres nombreux avantages...​​

Les animaux d’élevage, quelle que soit leur espèce, ne sont généralement pas habitués à être déplacés en dehors de l’exploitation où ils sont élevés. Le transport génère un stress pour ces animaux. Et plus le transport est long, plus ce stress sera difficile à supporter pour l’animal. Ce stress est dû à différents facteurs comme le changement d’environnement, les manipulations par des humains inconnus, la séparation d’avec ses congénères habituels et/ou la venue de nouveaux individus, la privation prolongée d’eau et de nourriture… Il pourra varier selon la durée du transport, la densité dans le camion, les protections mise en place, les conditions climatiques, etc.

L’abattage à la ferme, lorsqu’il est réalisé dans de bonnes conditions de bientraitance animale, permet d’éviter le transport, et présente d'autres avantages :

  • Sous réserve de bonnes conditions de réalisation, sous un contrôle strict, l’abattage à la ferme permet une fin de vie moins stressante pour l’animal, car l’étape du transport et tout ce qu’elle implique est supprimée du processus d’abattage. L’animal reste avec ses congénères, dans un lieu qu’il connaît, et auprès de son éleveur.se qui peut le manipuler sereinement et l’accompagner dans cette dernière étape.
  • Les cadences d’abattage à la ferme étant extrêmement faibles par comparaison avec les abattoirs industriels, ce processus permet d’assurer aux professionnels de l’abattage de meilleures conditions de travail et aux animaux des conditions d’abattage mieux maitrisées.
  • Au regard du système actuel d’abattage, certain.e.s éleveurs.ses souhaitent garder le contrôle de la fin de vie de leurs animaux et accompagner leurs animaux jusqu’à la mise à mort. L’abattage à la ferme leur offre cette possibilité. Ils peuvent également mieux gérer le devenir de la carcasse et éventuellement améliorer leur rémunération.

En France, de moins en moins d’abattoirs, mais toujours plus grands.

Le nombre d’abattoir de boucherie (bovins, ovins, caprins, porcins, équins) est en baisse en France (265 aujourd’hui contre 339 en 2000). Moins d’abattoirs signifie des abattoirs plus grands des cadences plus fortes, des temps de transport plus longs, avec des animaux qui doivent parfois traverser la France pour se faire abattre du fait de la spécialisation de certains abattoirs en fonction des espèces.

Il est aujourd’hui indispensable de développer un meilleur maillage territorial pour garantir la présence d’abattoirs de proximité.

Le développement de l’abattage à la ferme peut aider à ouvrir la « boîte noire » de l’abattage et mettre plus de transparence dans ce maillon capital. En parallèle, le développement d’abattoirs de proximité de qualité, contrôlés et soutenus par les pouvoirs publics, à l’échelle des territoires, est également indispensable. C’est ce que préconise le Comité National d’Ethique des Abattoirs, dans son avis adopté en février 2019[2], dont les recommandations peinent à être mises en place plus d’un an après…

Quelles sont les conditions de réussite de cette démarche d’abattage à la ferme ?

CIWF est favorable à l’abattage à la ferme lorsque le processus est réalisé dans les meilleures conditions. Il faut pour cela :

  • Des contrôles efficaces et réguliers : la réglementation qui doit assurer la protection des animaux au moment de leur mise à mort est déjà difficile à faire appliquer dans les abattoirs conventionnels, il est nécessaire que ce dispositif ne complexifie pas la mise en œuvre régulière et efficace des contrôles ;
  • Des dispositifs efficaces et du personnel formé : Il est essentiel que ces dispositifs d’abattage soient efficaces et que le personnel soit compétent et régulièrement formé. Il faut que la manipulation des animaux s’effectue dans le calme et le respect de la protection animale, que l’étourdissement soit instantané et systématique, que les signes d’inconscience soient systématiquement contrôlés, que la saignée soit la plus rapide après la perte de conscience, que les mesures d’hygiène et de sécurité sanitaire soient dûment appliquées ;
  • Que l’animal soit isolé su troupeau : pour éviter de générer du stress chez les animaux non abattus ou en attente d’être abattu, il est nécessaire, lors du passage du premier animal, que la saignée ne soit pas visible par les congénères.

Que dit la loi ?

La loi Alimentation dite Egalim du 30 octobre 2018 a voté, à son article 73, la mise en place d’un expérimentation de dispositifs d'abattage mobile, pour une durée de quatre ans à compter de la parution du décret d'application (avril 2019). Ils feront ainsi l’objet d’une évaluation et cela pourra permettre le développement de ce type de projet.

 

[1] https://abattagealternatives.wordpress.com/le-camion-suedois-halsingestintan/

[2] https://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cna_avis-82-comite-ethique-abattoirs6.pdf

Globe

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