De nombreuses idées reçues entourent encore l’élevage intensif, contribuant à en minimiser les impacts. Distinguons les mythes de la réalité.

Mythe n°1 : « l’élevage industriel est nécessaire pour nourrir le monde »

L’élevage industriel serait indispensable pour nourrir une population mondiale en croissance ? faux. Nous produisons déjà bien plus de nourriture que nécessaire pour subvenir aux besoins des 9,7 milliards de personnes attendues en 2050.

Cependant, plus de la moitié est perdue ou gaspillée de diverses manières : une part importante de la nourriture est perdue après la récolte, ou jetée par les consommateurs et les entreprises agroalimentaires. Une autre part est détournée vers des usages non alimentaires, comme les biocarburants.

L'élevage industriel nécessite beaucoup de ressources (eau, céréales, pétrole) mais restitue peu d'énergie calorique en retour.

D’énormes quantités de céréales comestibles par les êtres humains (blé, maïs, soja) sont utilisées pour nourrir les animaux, qui les convertissent très inefficacement en viande ou en produits laitiers. En effet, pour 100 calories données aux animaux sous forme de cultures comestibles, nous ne recevons environ que 30 calories sous forme de viande et de produits laitiers. Ce modèle est loin d’être efficace et il fragilise l’approvisionnement alimentaire mondial.

Lorsque le bétail est élevé dans des systèmes intensifs, il convertit les glucides et les protéines qui pourraient autrement être consommés directement par les humains, et les utilise pour produire une quantité moindre d'énergie et de protéines. Dans ces situations, on peut dire que l'élevage réduit l'équilibre alimentaire.

Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)

De la même façon, certaines espèces de poissons élevées intensivement, comme la truite ou le saumon, sont des poissons carnivores qui, à l’état sauvage, se nourrissent d’autres poissons. En aquaculture, leur alimentation repose principalement sur des farines et huiles fabriquées à partir de poissons sauvages capturés. Environ un quart des prises mondiales de poissons sauvages est ainsi destiné à nourrir d’autres poissons, ce qui représente entre 450 et 1 000 milliards d’individus. Pour produire un seul saumon d’élevage, il peut être nécessaire de capturer jusqu’à 300 poissons sauvages. L’aquaculture contribue donc paradoxalement à intensifier la pression sur les stocks marins et cause des problèmes de sécurité alimentaire dans certaines régions du monde.

Si nous réduisions de moitié l’ensemble de ces pertes et gaspillages, nous pourrions nourrir 3,55 milliards de personnes supplémentaires, soit presque le double de l’augmentation prévue de la population d’ici 2050. Il ne s’agit donc pas de produire plus, mais de mieux utiliser ce que nous produisons déjà.

Mythe n°2 : « L'élevage industriel nous permet d'avoir de la nourriture bon marché »

L’industrie affirme que l’élevage industriel permet de produire de la viande et du lait à bas prix. Or si la viande et le lait issus de l'élevage industriel semblent bon marché à la caisse du supermarché, la société entière (citoyens, contribuables, consommateurs...) paie cher leurs coûts véritables. Et en apparence, ces produits sont effectivement bon marché à la caisse du supermarché. Mais ce prix ne reflète pas leur véritable coût. Il Le prix affiché en rayon ignore les lourdes conséquences environnementales et sanitaires de ces productions de l’agriculture industrielle, ce que l’on appelle les « externalités négatives ».

L’élevage industriel génère en réalité de nombreux coûts supplémentaires liés aux problèmes de santé, aux risques sanitaires et aux dégâts sur notre environnement qu’il engendre : maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, cancers, antibiorésistance, risque accru de pandémies mortelles, pollution des eaux, de l’air, dégradation des sols, perte de biodiversité, épuisement des ressources mais aussi émissions de gaz à effet de serre.

Ces coûts « cachés » sont en réalité à la charge du contribuable et des générations futures. Ces bas prix à tout prix donnent donc l’illusion que les protéines animales produites de manière intensive sont « bon marché », alors qu’elles constituent en réalité un lourd tribut pour la société dans son ensemble.

Les coûts environnementaux, sanitaires et économiques cachés de notre système alimentaire sont estimés à près de 12 000 milliards de dollars par an. Par exemple, l’industrie alimentaire mondiale, en particulier, est responsable de la situation d’obésité de 680 millions de personnes dans le monde mais ce sont en grande partie les gouvernements et leurs citoyens qui doivent assumer les coûts du traitement. Il en va de même pour les produits agrochimiques et leurs effets sur la santé des populations et des écosystèmes.

Ces coûts cachés sont donc supportés par la société dans son ensemble, et non par les producteurs ou les consommateurs. Parfois, ils ne sont tout simplement pris en charge par personne, ce qui entraîne une dégradation progressive de ressources essentielles comme les sols ou la biodiversité, compromettant ainsi la capacité des générations futures à se nourrir. En réalité, une alimentation produite à un tel prix écologique et social n’a donc rien de bon marché.

Mythe n°3 : « Les animaux d'élevage industriel comme les porcs et les poulets émettent peu de gaz à effet de serre »

Certains affirment que les porcs et les volailles qui sont des espèces couramment élevées dans les systèmes industriels émettent peu de gaz à effet de serre (GES) et seraient donc compatibles avec les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.

Pourtant, la production porcine et avicole engendre des émissions importantes, bien supérieures à celles des aliments d’origine végétale, comme l’ont montré le GIEC et de nombreuses études.

3 gazs à effet de serre sont mis en cause pour leur contribution au réchauffement global :

Le méthane (CH4) lié aux fermentations dues à la digestion des ruminants et aux émissions des effluents de toutes les espèces.
Le protoxyde d’azote (N2O) associé aux engrais de synthèse ou organiques (effluents d’élevage) utilisés pour la production de l’alimentation animale
Le dioxyde de carbone (CO2) lié aux transports, chauffage des bâtiments ou climatisation des outils (tanks à lait par exemple) et à l’utilisation de machines.

Une grande partie des émissions de GES dans la production porcine et avicole provient notamment de la production de céréales et de soja destinés à l’alimentation animale, y compris du changement d’affectation des terres qui y est associé.

Dans le cas des volailles et des porcs, l’alimentation peut représenter 50 à 85 % des émissions de GES associées à leur élevage. La contribution de l’alimentation aux émissions de GES est moins élevée chez les ruminants, qui pour la plupart consomment aussi de l’herbe.

Mythe 4 « Nous avons toujours mangé de la viande, c’est un besoin »

Faux. La courbe de consommation de viande suit une ascension vertigineuse : dès les années 70, en France, on mange environ 80 kilos de viande (équivalent carcasse, c’est-à-dire en incluant le gras et les os) par an. C’est deux fois plus qu’en 1900 et quatre fois plus qu’en 1800. En France, comme tous les pays industrialisés, nous n'avons jamais mangé autant de viande et de produits laitiers (même si les Français ne le réalisent pas toujours du fait de leur consommation de viande « cachée » dans les plats préparés, les sandwichs, sur les pizzas… et l’explosion de leur consommation de volaille…).

De plus, les Français en mangent bien plus que les autres : deux fois plus que la moyenne mondiale selon la FAO.

Evolution de la consommation française de viande (équivalent carcasse) :

1800 : 20 kg
1900 : 40 kg
1970 : 80 kg
2020 : 85 kg (moyenne mondiale 2020 : 42,5 kg)

Nous avons besoin d'un accord mondial sur l'alimentation et l'agriculture pour transformer notre système alimentaire avant qu'il ne soit trop tard. Signez notre pétition pour mettre fin à l’élevage industriel : END IT.

Mythes et réalités de l’élevage intensif