La loupe

Antibiotiques : la France peine a réduire leur utilisation excessive et encore trop systématique en élevage

News Section Icon Publié 18/11/2021

Paris, 18 novembre 2021. Aujourd’hui commence la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. L’ANSES publie son rapport annuel sur la surveillance de l’usage des antibiotiques vétérinaires. La France atteint un palier dans la diminution de l’exposition aux antibiotiques. Elle augmente encore pour certaines espèces et ce depuis plusieurs années, comme le lapin et le bovin (veau), des espèces soumises à des conditions d’élevage particulièrement intensives en France. Selon CIWF, il est nécessaire de faire évoluer les modes d’élevage pour sortir de leur dépendance aux antibiotiques, et permettre à la France de respecter la nouvelle réglementation européenne qui entrera en vigueur en janvier 2022.

Coup de frein dans la réduction de l’utilisation des antibios


La France stagne dans son combat contre la surutilisation des antibiotiques en élevage, le niveau d’exposition global ne diminue quasiment plus (-0.6% par rapport à 2019) et continue d’augmenter pour plusieurs espèces, parmi les plus intensives en France. Le poids des animaux d’élevage est prédominant par rapport aux animaux de compagnie (chiens et chats) qui représentent seulement 1.2% de la part des animaux traités.

De nombreuses ombres au tableau


Dans la filière lapin : le niveau d’exposition global augmente cette année encore (+2,4%), et de façon constante depuis plusieurs années, alors qu’on est à un niveau d’exposition pour cette espèce qui est d’ores et déjà massif (environ 6 fois plus important que le niveau d’exposition global toutes espèces confondues).


En bovin : le niveau d’exposition global augmente également (+2,9%), et ce de nouveau de façon constante depuis plusieurs années. L’ANSES constate une augmentation importante de l’exposition à la colistine (+8,4%), essentiellement utilisés pour les veaux (à 70%). Il reste toujours à déplorer l’absence de données plus précises sur les veaux – certains pays européen ont développé un suivi d’usage d’antibiotique beaucoup plus performant sur les veaux.


En volaille : si le rapport de l’ANSES constate une diminution, l’utilisation des antibiotiques sur cette filière est tellement importante que l’on conserve des niveaux très élevés, supérieurs à la moyenne globale. De plus, les volailles représentent 45.7% du poids vif traité par la colistine. Or la colistine est classée par l’UE comme un antibiotique critique, et la France refuse toujours de le classer dans cette catégorie. Les objectifs du plan éco-antibio à ce sujet sont largement insuffisants.


En porc : si l’ANSES constate une diminution (faible) de l’exposition, elle reste très élevée et de 67% supérieure à l’exposition globale toutes espèces confondues. A cela, il faut ajouter que l’utilisation de certaines familles d’antibiotiques est encore en augmentation avec des niveaux de résistances “très élevés” selon l’ANSES (les sulfamides, à 58,8% de bactéries résistantes).


Ces filières sont encore massivement intensives en France : 97% des lapins sont élevés en cages, 94% des veaux, 95% des cochons et 80% des poulets sont en systèmes intensifs. Selon CIWF, il manque encore et toujours dans les données de l’ANSES une donnée essentielle : l’indication des usages antibiotiques en fonction des modes d’élevage, un facteur plus qu’essentiel pour permettre une réelle amélioration de l’usage d’antibiotiques.

La France sera-t-elle prête à respecter la réglementation « médicament vétérinaire » en janvier ?


En janvier prochain, le nouveau règlement européen (2019/16) sur l’encadrement de l’utilisation des médicaments vétérinaires entrera en vigueur. Il enjoint les Etats membres à interdire l’usage systématique des antibiotiques pour “compenser de mauvaises conditions d’hygiène, des conditions d’élevage inappropriées ou un manque de soins, ou pour compenser une mauvaise gestion de l’exploitation” (article 107.1). Cette disposition impose des restrictions majeures dans l’usage vétérinaire des antibiotiques en élevage basée sur une évolution des systèmes d'élevage.


La France, dont le plan Eco Antibio 2 arrive à sa fin en décembre, sera-t-elle en mesure de justifier d’une bonne application de cette disposition ? On peut en douter au regard des résultats qui sont aujourd’hui publiés par l’ANSES.

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