CIWF a visité un élevage de porcs qui donne le sourire. L'échange avec les éleveurs, Dorothée et Antoine, est très inspirant. Merci à eux de nous avoir ouvert leurs portes...
2 minutes qui donnent le sourire !
Le choix de ce système en bio, ca apporte à l'animal, à l'éleveur. C'est aussi laisser un impact écologique le plus neutre possible pour les générations futures. Il s'agit de montrer un modèle économique qui sera durable, qui ne périclitera pas parce qu'on aura trop abusé du système.
Dorothée
Système d'élevage en France et améliorations possibles
En France, 95 % des porcs sont élevés dans des systèmes standardisés, sur caillebotis, dans des bâtiments clos sans accès à l’extérieur ni lumière naturelle.
Seuls 5 % des porcs bénéficient de conditions d’élevage en extérieur ou sur paille, dont un faible pourcentage est élevé en bio (moins de 1%).
Le bio, qui interdit le caillebotis intégral et oblige la mise à disposition de litière, empêche également la caudectomie systématique des porcelets (Règlement 848/2018). Pourtant interdite en routine depuis 1994, la coupe de la queue des porcs est encore pratiquée de manière systématique en France en élevage standard.
Permettre aux animaux d'avoir accès à l’extérieur, utiliser des souches génétiques moins productrices et les élever à des densités moindres permet d’améliorer leur niveau de bien-être. De plus, l’utilisation de matériaux manipulables tels que la paille réduit la caudophagie et les comportements agressifs entre congénères.
Un élevage engagé en filière biologique
Depuis la reprise de l'exploitation en 2011, Antoine et Dorothée FORET se sont certifiés en agriculture biologique, qu'ils considèrent comme une "évidence".
Leur choix est motivé par la conviction que ce modèle est vertueux pour les animaux et la planète. Il correspond à leurs valeurs, notamment face aux défis du changement climatique, de la pollution des eaux et de l'hyperconsommation. Ils estiment que seule une agriculture biologique ou extrêmement raisonnée peut préserver notre planète, notre paysage et notre eau.
Les porcs sont élevés sur du sol plein avec des aires paillées et ont accès à des courettes extérieures.
Un système de gestion des truies en liberté
Pour la mise-bas et allaitement, les truies de cet élevage entrent en salle de maternité environ trois jours avant la mise bas et y restent durant toute la période d’allaitement jusqu’au sevrage des porcelets à 42 jours.
En production biologique, l’âge minimum au sevrage est de 40 jours (contre 21 ou 28 jours en système conventionnel), mais les éleveurs optent généralement pour un sevrage à 42 jours, soit pile 6 semaines, pour des raisons d'organisation hebdomadaire.
Elles sont laissées en liberté avant et après la mise bas, dans des cases de 15 m², supérieures au minimum de 10,5 m² exigé par le cahier des charges biologique.
L'espace accru pour les cases de maternité était souhaité par les éleveurs afin de faciliter le curage des cases avec un engin télescopique, et permet de maintenir la litière propre plus longtemps, réduisant ainsi leur temps de travail lié au paillage.
Un engagement "Bio cohérence", une démarche qui va plus loin encore en faveur des animaux et de la planète...
Ce groupement se distingue par des exigences plus élevées encore :
- Interdiction totale d’utiliser des sols en caillebotis
- Autoproduction alimentaire : 50 % de l’alimentation des porcs doit être produite sur l’exploitation
- Gestion des effluents : tous les fumiers produits doivent être épandus sur l’exploitation
- Exploitation 100 % bio : tous les ateliers de l'exploitation doivent être en agriculture biologique.
Ce groupement commercialise la totalité de ses porcs. Environ 35 % de leur production est commercialisée par la Biocoop, qui applique le label Bio-équitable, favorisant une répartition plus juste de la valeur ajoutée.
Le groupement est dirigé uniquement par des producteurs, permettant ainsi à ces derniers de rester acteurs de leur filière.
Un élevage impliqué dans la préservation de l'environnement
Gestion des effluents
Sur l’exploitation, il n’y a que des fumiers pailleux, car les animaux sont sur des litières accumulées. L’entièreté du fumier est compostée puis épandue sur les terres de culture.
Maintien de la biodiversité et réduction de l’empreinte carbone
Antoine et Dorothée attachent une grande importance à la biodiversité environnante de leur exploitation. Depuis leur installation, ils ont replanté des haies, mis en place un verger et un rucher.
En 11 ans, depuis qu'on a repris l'exploitation, on a vu la population d'oiseaux et d’insectes se multiplier. On suppose que c’est le fait d'être en système bio qui sous-entend ces changements. Le retour de toute la biodiversité se fait naturellement.
Dorothée
Antoine ajoute l'importance de la diversification des productions pour l’avenir de l’agriculture : « La diversification des productions, que ce soit des cultures, des modèles animaux, des produits, c’est ça qui va sauver l'agriculture ».
Il souligne l’importance des prairies et de la végétation dans la réduction de l’empreinte carbone : « Pour réduire notre empreinte carbone, il faut un maximum de prairies et de végétation, parce que les prairies captent le plus de carbone ».
Il insiste également sur l’importance des rotations longues pour maintenir la santé des sols : « Je fais des rotations de 7 à 10 ans, c’est-à-dire qu’entre 7 et 10 ans, il ne va pas y avoir la même culture sur la parcelle. Là où on voit qu’en conventionnel ils ont seulement 2, voire 3 cultures qui reviennent tout le temps, voire de la totale monoculture. Dans ces conditions, ça épuise le sol, il ne capte rien et n’a pas le temps de se régénérer. […] Il faut expliquer ou réexpliquer qu’il n’y a pas que du blé, du maïs, de l'orge ou du colza. Il faut qu’on arrive à réintroduire d'autres céréales dans notre alimentation humaine ».
Pour en savoir bien plus encore, notre étude de cas !