La loupe

L’élevage industriel consomme plus d’antibiotiques que les êtres humains

News Section Icon Publié 15/11/2017

L’ANSES annonce une baisse de 36,6% de l’exposition aux antibiotiques en usage vétérinaire entre 2011 et 2016. On peut s’en réjouir, mais les chiffres restent cependant élevés. En Europe, l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire est encore deux fois plus importante qu’en médecine humaine*. L’utilisation massive des antibiotiques dans les élevages réduit de plus en plus nos chances de les garder efficaces pour l’être humain.  Pour sauver nos antibiotiques, il est urgent de changer nos modes d’élevage et d’en finir avec l’élevage industriel.

Antibiotiques en élevages : une baisse encourageante, mais encore insuffisante

Alors que se tient la semaine mondiale pour un « bon usage des antibiotiques », CIWF souhaite revenir sur les chiffres que l’ANSES a dévoilés dans son dernier rapport. L’Agence a annoncé une baisse de l’exposition aux antibiotiques à usage vétérinaire de 36.6%. On s’en réjouit, mais c’est un chiffre global, à relativiser ; espèce par espèce et en fonction des familles d’antibiotiques,  les chiffres sont beaucoup plus variables.

L’Agence annonce également une baisse de l’utilisation des antibiotiques critiques, mais la France, contrairement à l’OMS et l’Agence européenne du médicament, ainsi que de nombreux pays européens, ne reconnait pas la colistine comme antibiotique critique. En 2016, l’ANSES recommandait une réduction de 50% de l’utilisation de la colistine sur 3 ans. Pourtant, avec ces niveaux, on reste à un usage vétérinaire 50 fois supérieur à l’usage humain. Il faudrait tout simplement en interdire l’usage en élevage, comme le font la Finlande, l’Islande et la Norvège, qui conservent malgré tout un usage limité d’autres antibiotiques (pas d’effet de remplacement). La France a fait des avancées significatives, mais cela ne va pas assez loin : le nouveau plan Eco-Antibio ne fixe pas de nouveaux objectifs chiffrés pour l’usage d’antibiotiques (hormis la colistine).

CIWF demande à la France de :

  • ne plus autoriser le traitement prophylactique et métaphylactique de masse de groupes d’animaux, malades comme en bonne santé, via l’alimentation ou l’eau ;
  • garantir qu’aucun antibiotique « critique », incluant la colistine, ne puisse être utilisé en préventif ou en groupe en élevage ;
  • améliorer la santé et le bien-être des animaux et encourager des modes d’élevage moins intensifs, afin de réduire le besoin d’utiliser des antibiotiques en élevage.

Les antibiotiques, béquille de l’élevage industriel

Dans les élevages industriels, les animaux vivent dans des cages ou des bâtiments bondés où les maladies peuvent se transmettre rapidement. Pour les maintenir en bonne santé dans ces conditions difficiles, des antibiotiques leur sont administrés, qu’ils soient malades ou pas. Les animaux sont traités à titre préventif et lorsqu’un animal est malade, tout le lot est traité. Pourtant, lorsqu’une personne est malade, le médecin ne met pas tout son immeuble sous antibiotiques !

Les animaux les plus exposés aux antibiotiques sont ceux qui sont le plus souvent élevés dans des systèmes industriels : lapins, porcs et volailles.  Les antibiotiques sont ainsi la béquille de l’élevage industriel. Sans le recours à l’usage préventif des antibiotiques, il ne pourrait perdurer.

Bientôt plus d’antibiotiques pour les Hommes ?

L’utilisation excessive des antibiotiques dans les élevages représente une menace pour la santé humaine. En Europe, l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire est encore deux fois plus importante qu’en médecine humaine*. D’ici 2050, 10 millions de personnes pourraient décéder tous les ans si l’on ne réduit pas de façon drastique les usages vétérinaires d‘antibiotiques.  Des races plus robustes, à croissance moins rapide, de moindres densités, des sevrages moins précoces permettraient déjà de réduire l’utilisation d’antibiotiques.

Pour endiguer la surutilisation des antibiotiques et avoir une chance de garder les antibiotiques efficaces pour l’être humain, il est urgent de faire évoluer les méthodes de production et de mettre fin à l’élevage industriel.

La santé humaine a-t-elle moins de valeur que la viande soit disant « à bas prix » issue d’élevage industriel ?

*ECDC/EFSA/EMA, 2015. First joint report on the integrated analysis of the consumption of antimicrobial agents and occurrence of antimicrobial resistance in bacteria from humans and food-producing animals, http://ecdc.europa.eu/en/publications/publications/antimicrobial-resistance-jiacra-report.pdf

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