La loupe

Elimination des poussins mâles : une interdiction morte dans l’œuf ?

News Section Icon Publié 08/12/2022

C’était une des rares avancées du quinquennat Macron en termes de bien-être animal. Et pourtant…

Un décret paru le 5 février 2022 interdisait l’élimination des poussins mâles sortant des couvoirs livrant les éleveurs de poules pondeuses. Pour les couvoirs déjà existants, le décret donnait jusqu’au 31 décembre 2022 pour se conformer.

A moins d’un mois de l’entrée en vigueur de l’interdiction, le gouvernement vient de publier l’arrêté négocié avec la filière œuf, et sans les organisations de protection animale, qui précise la dérogation pour l’alimentation animale. En autorisant l’élimination des poussins mâles destinés à l’alimentation animale issus de toutes les poules blanches, il créé un appel d’air pour cette production qui bénéficierait de cette dérogation, bref il infirme totalement la règle. C'est un recul inadmissible sur l’engagement du précédant quinquennat !

Nos inquiétudes confirmées

CIWF s’interrogeait déjà en février 2022 sur les exceptions concernant les poussins destinés à la reproduction et à l’alimentation animale. Ces exceptions nous semblaient floues, très larges (en particulier à propos de l’alimentation animale, pouvant couvrir non seulement les aliments pour les zoos mais aussi tous les aliments pour animaux de compagnie), et les méthodes de mise à mort restaient à définir.

Après les informations de Réussir, aujourd’hui un arrêté est publié par le Ministère de l’agriculture et confirme nos inquiétudes  : l’alimentation animale ne se limiterait pas à l’alimentation pour les animaux de zoo mais elle concernerait bien tous les fabricants d’aliments pour animaux, y compris les carnivores domestiques ; l’arrêté précise également que les poussins concernés par la dérogation sont issus de souches dont le sexe de l'embryon ne peut pas être déterminé selon une méthode basée sur la différence de couleur des plumes, et c'est le cas aujourd'hui des embryons issus des poules blanches. Enfin, la méthode de mise à mort autorisée est le gazage, une des plus douloureuses, même si elle est moins impressionnante que le broyage à vif.

Rien ne serait donc prévu pour limiter la souffrance de ces trop nombreux poussins « d’exception » ?

Des exceptions supplémentaires qui infirment in fine totalement la règle !

En réalité, le recul qui semble se profiler est en fait une dérogation tellement large qu’elle pourrait permettre de continuer à éliminer tous les mâles de la filière “poules blanches” ! En effet, cette production bénéficie de coûts de production inférieurs à la production des poules rousses et la méthode de sexage développée en France (spectrométrie) ne fonctionne pas avec les œufs issus de poules blanches.

La dérogation pourrait créer un appel d’air et voir se développer une production qui échapperait à l’interdiction de l’élimination des poussins mâles.

Cette dérogation est totalement scandaleuse, et contraire à l’engagement du précédent gouvernement. CIWF s’oppose à ce recul inacceptable.

Il existe plusieurs alternatives à l’élimination des poussins mâles, par sexage précoce dans l’œuf mais également les souches dites “duales” (des races qui permettent d’élevage les mâles et les femelles).

Nous regrettions un manque d’ambition de ce décret (un sexage plus précoce que le 15e jour aurait plus de sens, comme en Allemagne ; ou une interdiction concernant également des millions de canetons femelles de la filière foie gras…), mais nous nous félicitions de la prise en compte de la souffrance de ces dizaines de millions de poussins qu’il suscitait.

Etant données les dérogations que permet le texte publié ce matin par le gouvernement, nous pourrions regretter son inanité.

Le gouvernement ne peut sans cesse revenir sur ses engagements et réitérer systématiquement ses refus d’obstacle quand d’autres grands pays producteurs s’engagent, négocient favorablement à l’échelle européenne une évolution du paquet législatif sur le bien-être animal et osent, réellement, une transition vers un élevage plus durable.

C'est un mauvais signal alors que le Ministre vient de lancer, hier matin, la concertation pour la future loi d’orientation agricole qui vise à fixer un cap, accompagner la transition agricole et alimentaire, et rendre attractives et durables nos filières d’élevage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Globe

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